Sophie, 35 ans
Dans le panier de Sophie, il y a ...
...des courges et des potimarrons, des carottes et de la salade frisée. Et c’est comme ça pour la vingtaine de paniers du GASAP de Leignon, cette semaine.
Un GASAP, c’est un Groupe d’Achat Solidaire de l’Agriculture Paysanne. Le GASAP fait partie de la galaxie des GAC (Groupe d’Achats Collectifs) avec cette dimension particulière d’une solidarité consacrée en faveur des producteurs, des paysans locaux. En d’autres termes, c’est une petite coopérative locale qui permet de faire vivre un paysan local lui aussi en l’assurant d’un débouché et d’un prix pour sa production de légumes. A Leignon, c’est un jeune couple de maraîchers qui bénéficie de cette solidarité active. Emile et Camille se sont installés il y a deux ans à peine. A l’instar d’autres maraîchers de la région, ils constituent cette avant-garde de producteurs qui veulent renouer avec une production de qualité, à taille humaine, au bénéfice du territoire proche.
"L'intérêt c'est de manger des produits locaux, et de se rencontrer aussi..."
Pas d’autarcie alimentaire
Le jardinage n’a pas pour seule fonction de nourrir les humains. Il peut avoir un rôle social permettant l’insertion sociale ou la création de liens solidaires, un rôle pédagogique, ou encore un rôle de loisir. Mais pour certains, le potager est un outil à vocation autarcique. Portée par une certaine forme de “retour à la nature” voire de survivalisme, cette ambition n’est certainement pas celle de Marie et de ses proches. D’ailleurs, elle n’hésite pas à compléter sa production par des achats auprès des maraîchers locaux, comme Emile et Camille, dont les serres sont à deux pas. Et elle ne fait pas l’impasse sur les produits de consommation courante.
Au potager, le maître-mot c’est di-ver-si-té. “D’année en année, j’ajoute de nouvelles choses” confie Marie. D’abord parce que c’est gai, ensuite parce que la nature aime les mélanges. Les plantes peuvent s’aider mutuellement; et en cas de coup dur, la mauvaise production de l’une est compensée par la meilleure récolte d’une autre…
Pas de vision “politique” dans le choix de Marie: elle cultive la terre parce que c’est agréable, parce que c’est convivial et parce que ça fait partie du projet de vie qu’elle et son compagnon ont entrepris de réaliser. Et puis tout simplement parce qu’une soupe aux potimarrons et aux fanes de carottes, c’est juste une tuerie...
Un (petit) engagement personnel
“Quand on s’inscrit au GASAP on s’engage à y participer pendant au moins un an pour que les producteurs aient la garantie d’avoir des acheteurs pendant un an” explique Sophie. Aujourd’hui, c’est elle qui s’occupe de préparer les paniers, ce qui arrive environ 3 fois par an. Pour elle, l’engagement personnel au sein du Gasap n’est pas contraignant, c’est même un moment de convivialité.
Les légumes sont parfois peu connus. Il arrive qu’il faille se renseigner sur internet pour savoir comment les cuisiner mais généralement, un membre ou l’autre du GASAP dispose d’une recette qu’il partage avec chacun. Sinon, la soupe est toujours une bonne solution!
GAC, GASAP: l’alternative?
Le phénomène des groupements d’achat alimentaires a pris son essor ces dernières années dans la foulée des crises qui ont touché la production alimentaire industrielle: crise de la dioxine dans les années 90, crise de la vache folle au début de ce siècle, crise agricole généralisée de ces dernières années, qui accroissent la méfiance du public envers les l’industrie alimentaire et, dans le même temps, une forme de solidarité envers les paysans, considérés comme des victimes du système. Les AMAP en France puis les GAC en Belgique se mettent ainsi en place, soutenus plus ou moins par les pouvoirs publics.
Ils forment ainsi une petite galaxie d’initiatives toutes plus ou moins autonomes et fortement décentralisées. La ferme Arc-en-ciel de Wellin, en collaboration avec la ferme de Jambjoule pour les produits laitiers ont été les premiers à se lancer dans l’expérience GASAP.