Génération frites
Au royaume de la frite
Chaque jour, mais surtout lorsque le temps et maussade, ils sont nombreux à pousser la porte du fast food. Le coup de feu, c’est 12h05. Les jeunes n’ont pas le temps de traîner longtemps. Même si le patron fait en sorte que tout roule, c’est mieux d’être parmi les premiers dans la file. Manon et Elise sont attablées avec des copains. Elise dénote un peu dans la paysage. Elle, elle a pris ses tartines au sirop de Liège. Manon partage un ravier de frites avec son voisin.
Frites au menu aussi pour Vincent et ses amis! Plusieurs fois par semaine, c’est leur repas favori. Et c’est encore mieux avec une fricandelle! Vincent est assez conscient que ses repas ne sont pas des modèles d’équilibre alimentaire. Mais tant pis. Il sera toujours temps plus tard de se préoccuper de sa santé.
Fast food, junk food ?
Vincent et ses copains sont parfaitement typiques de leur génération. Un repas se prend sur le pouce, il doit “caler l’estomac”. Et peu importe ses qualités diététiques, c’est le goût qui l’emporte. Un goût très formaté, bien souvent créé de toutes pièces à coups d’exhausteurs, de sel et de sucre. Et puis les matières grasses combinées aux sucres activent les zones du plaisir dans le cerveau. C’est comme une drogue qui agit sournoisement: il suffit de passer devant la porte du fast food pour avoir envie d’y pénétrer…
Pas d’autarcie alimentaire
Le jardinage n’a pas pour seule fonction de nourrir les humains. Il peut avoir un rôle social permettant l’insertion sociale ou la création de liens solidaires, un rôle pédagogique, ou encore un rôle de loisir. Mais pour certains, le potager est un outil à vocation autarcique. Portée par une certaine forme de “retour à la nature” voire de survivalisme, cette ambition n’est certainement pas celle de Marie et de ses proches. D’ailleurs, elle n’hésite pas à compléter sa production par des achats auprès des maraîchers locaux, comme Emile et Camille, dont les serres sont à deux pas. Et elle ne fait pas l’impasse sur les produits de consommation courante.
Au potager, le maître-mot c’est di-ver-si-té. “D’année en année, j’ajoute de nouvelles choses” confie Marie. D’abord parce que c’est gai, ensuite parce que la nature aime les mélanges. Les plantes peuvent s’aider mutuellement; et en cas de coup dur, la mauvaise production de l’une est compensée par la meilleure récolte d’une autre…
Pas de vision “politique” dans le choix de Marie: elle cultive la terre parce que c’est agréable, parce que c’est convivial et parce que ça fait partie du projet de vie qu’elle et son compagnon ont entrepris de réaliser. Et puis tout simplement parce qu’une soupe aux potimarrons et aux fanes de carottes, c’est juste une tuerie...
Laurence Doughan, experte en santé-nutrition au SPF santé publique l’expliquait à la RTBF "on est surtout face à une uniformisation du goût sur le plan global. L’industrie alimentaire a développé des produits qui sont totalement dénaturés par rapport à nos besoins. Il est donc difficile de lutter à contre-courant." Selon elle, trop de jeunes avalent des calories qui n’apportent rien en vitamines et en minéraux. Mais les messages “venus du haut” ont peu de chances de passer auprès du public jeune.
Cela étant, le traditionnel “hamburger frites” mérite-t-il tant d’indignité? Même les consommateurs avertis, les “esthètes du goût”, à l’instar de Michaël Cors ou de nos convives des “Jardins d’en bas” en conviennent: un hamburger de temps en temps, ça peut aussi être du bonheur!
Rituel tribal
Le fast food est aussi un plus petit commun dénominateur qui permet au groupe de rester soudé. La gamme des plats est réduite, les prix sont modiques. Les différences sociales sont gommées au profit d’un partage presque rituel voire tribal. D’ailleurs on n’hésite pas à plonger les doigts dans la portion du voisin. C’est un repas fruste, mais c’est un vrai repas.